Première nuit

23 heures et quart. C'était l'heure qu'affichait déjà sa montre. Qui aurait cru que le centre de Tokyo était si reculé de Hakujoo. C'était inhumain que de marcher dans le froid à une heure pareil. Encore plus aberrant que de ne se faire aborder que par des ivrognes en but d'argent ou de cigarette. A Séoul, il n'avait jamais connu telle humiliation. Il faut dire aussi que c'était plutôt rare que de le voir seul dans la rue, surtout à pied.

Il glissa dans la serrure sa clef et fit tourner le verrou. Il hésita à allumer la lumière, ne sachant pas si les autres étaient là ou non. Mais ne désirant pas s'aventurer à l'aveuglette et zigzaguer peut-être entre plusieurs sacs et valises laissés à l'abandon de part et d'autre de la pièce, il se résigna à l'allumer.
Aucune réaction. D'ailleurs, aussitôt que la lumière fut, il constata qu'il était seul. Un vent frais et glacial vient lui balayer les cheveux et c'est avec horreur qu'il réalisa que la fenêtre été resté grande ouverte. Mais bon sang ! C'est qui l'imbécile qui est ainsi sorti sans fermé cette fenêtre ? Pensa t-il, en ayant une vague idée de la personne qui en était responsable. M'enfin, tirer des conclusions hâtives ne lui ressemblait guerre aussi il s'empressa de la fermer et d'ouvrir à leur maximum les vannes des radiateurs. Bien entendu, il n'oublia pas de tirer les rideaux.

Soupirant, il se dirigea vers sa table de nuit ou était entreposé son portable toujours en charge. Bon depuis, c'était net, ce dernier était rechargé à bloc, et tant mieux. Jun Jie allait enfin pouvoir rendre son chargeur à l'autre singe. Comme si le garder portait malheur, il le jeta sur le lit de son compagnon de chambre et alluma son portable. Il y changea la sonnerie avant d'oublier le douloureux épisode de toute à l'heure et composa frénétiquement un numéro. Le numéro de sa tendre sœur adorée.
Bien entendu, vu l'heure, Setsuna savait plus que bien qu'elle ne décrocherait pas. Tant mieux, il n'était pas vraiment d'humeur à lui parler, il ne l'avait jamais été depuis quelque années il faut se le dire. Il se contenta de laisser un message sur sa boite vocal lui rappelant de lui expédier le reste de ses affaires et de vérifier si il n'avait oublier son chargeur nul part. Ça serait trop se rabaisser devant Ahn Dong Su que de devoir lui emprunter encore et encore.

Comme il l'eut promis quelques heures auparavant, le jeune homme mit son téléphone en silencieux avant de le jeter sur son lit toujours en bataille de sa séance d'habillage de tout à l'heure. En voyant tout se bazar, le tas de chiffon soupira. Il fallait s'occuper de ça avant tout chose. Méticuleux comme il l'était, plié, trié, rangé, tout ça allait lui prendre une heure voir même plus. Il ne pouvait pas s'y échapper, il s'obligeait à le faire. Dormir dans un tas de fringues n'a rien de bien amusant, encore moins que de laisser ses compagnons de chambres admirer son bordel habituel.

Après avoir soigneusement rangé chaque chose à sa place, il attrapa à la volée une culotte de training bleu marine ainsi qu'un tee-shirt gris foncé et alla s'enfermer dans la salle de bain -sans baignoire ni douche- que lui offrait sa chambre. Il en sortit quelque minutes plus tard après s'être lavé consciencieusement les dents et, totalement dénudé de ses rares bijoux à l'exception de la bague à son index et se mit au lit.
Il avait omis de se laver par flemme, surtout vu l'heure qu'affichait désormais la pendule murale de sa chambre. Minuit passé, c'est pas une heure pour se promener dans les couloirs d'Hakujoo. D'ailleurs, il n'y a pas d'heures pour s'y promener. Le jour ou la nuit y rodaient des créatures malfaisantes qu'il préférait éviter. Pourtant il se savait pudique, et bien entendu, c'était tard le soir qu'il se rendrait aux douches communes. Quand tout le monde de plus ou moins normales y serait déjà passé, ou que les chances de se retrouver nez à nez avec un élèves tout aussi nus que vous soit plus faible quoi. Ça n'avait jamais été bien facile d'être timide, complexé et pudique. Une malédiction carrément !

D’un geste de bras désespéré, il éteignit la grande lumière. Enfin dans le noir le plus complet, ou presque –les tentures laissaient filtrer une légère lumière agaçante- il re-visionna sa journée d’aujourd’hui. Il se souvient du petit bout de papier que lui avait laissé Hana. Il ne se sentait pas vraiment près psychologiquement à lui écrire ou l’appeler là maintenant, surtout que connaissant sa profession, il était presque couru d’avance qu’elle aurait été indisponible. Mais ça n’empêchait pas Jun Jie d’entrer déjà ses coordonnées, sait-on jamais que ça puisse aider.
Courageusement il se redressa alluma la lampe de chevet et tenta d’attraper son imperméable resté sur la chaise de son bureau. Un effort qui ne fut pas bien dur vu la faible distance qui le séparait de son bureau.
Il farfouilla avec enthousiaste les poches de sa veste et en sortit le petit bout de papier. Tiens, il venait à peine de remarquer que c’était au dos de l’adition qu’elle lui avait laissé ses coordonnées. Petit détail qui le fit sourire un petit moment. En effet, il réalisa très vite avec frayeur que Hana avait probablement payé l’adition à elle seule … Il l’appellerait demain pour s’excuser, et pour l’inviter à boire un café un jour ou un autre. Franchement, quel idiot il était !

Il saisit son portable et y entra ses coordonnées, hésitant même à lui envoyer un e-mail de suite. Mais la fatigue eut raison de toute tentation sociale de sa part et il se décida à le faire demain. Après tout, ça ne venait pas à un jour près. Il reposa son portable sur sa table de nuit pour l’instant vide, et éteignit la lumière.
Il mit bien une vingtaine de minute avant de trouver la position adéquate et s’endormi enfin, las de cette interminable journée.

[> Ca commence bien... ]

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