Ça commence bien…

Invité

Il était certain d’avoir mis son réveil sous tension. Entièrement certain. Il se voyait encore en train d’éteindre toutes les lumières de sa chambre avant de se diriger dans son lit… froid. Comment avait-il fait pour ne pas l’entendre ? Cette journée était capitale pour lui. Celle où il allait rentrer dans la prestigieuse université d’Hakujoo. Il n’avait pas le droit à l’erreur, il se l’était répété maintes et maintes fois lorsqu’il vérifiait ses documents.
Bordel de merde…
Il fallait croire que son petit mantra intérieur de la nuit dernière avait échoué. Sur toute la ligne.
10h.
Il se leva d’un bond et courut dans la salle de bain, se ruant –littéralement- dans la douche. Après quelques minutes, il en ressortit à moitié habillé, des gouttes d’eau encore chaudes dégoulinant de ses cheveux noirs.
Tant pis s’il n’était pas très présentable. Ce n’était pas sa faute si son réveil n’avait pas sonné. Rapidement, il but un café et enfourna le dernier petit pain en chocolat qu’il restait dans son armoire avant d’enfiler sa chemise blanche. Puis, attaché-case à la main, il verrouilla la porte de son appartement et emprunta l’ascenseur qui se trouvait à l’autre bout du corridor sombre. Cinq étages plus bas, il était au parking, s’avançant à grand pas feutrés, de sa BMW Z4 Roaster décapotable gris métallisé. Sa dernière petite folie. Malheureusement pour lui, l’université était située à plus de 60km de son domicile. Ça n’aurait pas été un problème si la capitale tokyoïte n’était pas constamment obstruée par des milliers de voitures et autres piétons en tout genre.
Qu’est-ce que ce camion de lait fout là franchement ?
Mais pas pour lui visiblement… Il était au bord de la crise de nerf. Peut-être était-ce dû au fait qu’il avait oublié de prendre ses médicaments ? Ou juste parce qu’il était stressé ?
Blasé, il alluma le lecteur cd, espérant retrouver un peu contenance. Une mélodie presque onirique s’échappa des baffes de la voiture. La sonate au clair de lune…
Il ferma les yeux, relâchant sa tête en arrière sur le dossier. Il était déjà dans un autre monde. Très loin du boucan assourdissant de l’extérieur…
Comment avait-on pu l’accepter à Hakujoo ? Cela n’avait aucun sens. Même s’il avait étudié pendant longtemps à Todai, il n’avait réellement enseigné qu’une année et demie dans un lycée et qui plus est, en terminal. Allait-il être à la hauteur ?
Il sourit.
La question ne se pose même pas. Si quelqu’un veut se plaindre, qu’il aille se faire foutre.

Une heure plus tard, Keichiro arriva devant la porte d’entrée, quelque peu essoufflé. Il plissa les yeux. La porte irradiait de lumière, on la voyait facilement à l’autre bout de l’avenue. Avec ses vitres scintillantes, sa taille imposante, ses décorations luxueuses excessives...
Pas de doute, il était bien à Hakujoo. Excité, il se mordit la lèvre inférieure et tourna la poignée.
C’est tout ? Y’a pas de quoi à en faire un plat..
Pourtant, il y avait de quoi. Les murs de marbres blancs. Un plafond aux milles éclats tels des diamants. Un lustre qui mériterait d’être au musée tellement il était antique et flamboyant. La personne qui avait décoré ce lieu n’avait qu’un seul objectif : en mettre plein la vue. Accessoirement montrer o combien il était riche. Mais cela n’avait visiblement aucun impact sur lui.
Il soupira.
C’était bien la peine de se mettre de la pression.
Il était vraiment déçu. Il s’attendait à mieux. Beaucoup mieux. Mais le pire, après avoir balayé le hall du regard, était quand il se rendit compte d’une chose : il était seul, complètement perdu, même si il feignait d’être à l’aise.
Et merde…
Il avait désespérément besoin de quelqu’un.

[HS: OMG mon premier post, certes pourri mais j'en reviens pas moi-même XD]

Jun Jie se regarda dans le miroir, perplexe.
Qu’est-ce qu’il allait bien pouvoir porter aujourd’hui ? Habituellement, il ne se posait jamais cette question, il s’habillait au feeling, comme ça, mais là, il était un peu comme qui dirait, à court de vêtements. Enfin, il en avait oui, mais pas en suffisance. Ça n’aidait pas à se décider.
Il remarqua que son reflet présentait ses cheveux blonds sous un autre angle. On arrivait à percevoir toutes les variations de sa récente couleur. Le noir commençait tout doucement à refaire surface par ci par là, diminuant l’intensité de son éclat. Avec lassitude, il passa une main dans ses cheveux rebelles, imbibant d’eau au passage ses frêles épaules. Et, n’y prêtant pas plus que ça attention, il se détourna de son miroir et se dirigea vers sa garde de robe. Il s’empara d’un sombre chandail, certes légèrement trop large pour lui mais qui lui donnait une aisance et une ferme assurance dans ses mouvements. Au moins il n’aura pas l’air d’une fille s’il semblait un peu plus « épais ». C’était ce qu’il n’arrêtait pas se dire quand il l’enfila par-dessus ses vêtements. Ensuite, il attrapa son jeans délavé et à moitié troué qui pendait sur la chaise à côté de sa garde-robe et l'enfila à son tour. Contrairement à son haut, le jeans, lui, moulait parfaitement ses formes. On pouvait facilement imaginer ses longues jambes fines et, les trous laissaient l’imagination vagabonder. Un peu trop même, se qui le gênait légèrement. Mais l'amour qu'il portait à ce pantalon en particulier outre passait toute honte. C'est plutôt avec assurance qu'il le portait, presque fièrement.

Repassant une seconde fois devant le miroir, il décida de rajouter ses boucles d’oreilles argentées en croix ainsi qu’une ceinture en cuir, histoire de mettre en valeur son humeur rebelle du jour. Puis, avant de sortir de sa chambre, il prit son sac à dos blanc, aux légers tons bleu pastel qui l’embellissait, saisit sa veste -au cas où il ferait plus froid- et sortit de sa chambre son téléphone à la main.
Il verrouilla la porte et partit en direction de la classe de littérature où se déroulerait son premier cours de rattrapage en français -ne cherchons pas la logique-. Les malheurs des sessions de rattrapages ... C'était tout ce temps qu'il passait loin de Min Sia qui l'angoissait, surtout en ayant conscience que cette dernière n'allait pas au mieux de sa forme. Sa maladie se faisait plus forte de mois en mois. Pourquoi refusait-elle donc cette opération ?
Jun Jie se savait à l'avance, bien assez, aussi il décida de passer en premier par la cour extérieur. Il était d’abord capital d’aller griller une petite cigarette matinale. C’est alors avec enthousiasme qu’il descendit les marches des escaliers pour rejoindre la cour afin de se soulager et de remplir ses poumons de cette bonne humeur qu’il ne pouvait ressentir que par son biais.

Il traversa le hall d’un pas qui se voulait classe mais qui ne l’était pas du tout. Enfin il le traversa était vite dit. Son attention fut retenue par un étranger qui se tenait là, devant un certain panneau d’affichage qui bien évidemment ne pouvait que lui rappeler Ahn Dong Su. Ah non hein … ?
Il s’apprêta à ignorer totalement le nouveau venu à la fine silhouette qui se dressait à sa gauche pour vite rejoindre le grand air …

Invité

Dix minutes. Et toujours personne. Keichiro commençait à croire qu’Hakujoo était une école fantôme et que, vraisemblablement, il rêvait. Il s’était pincé la main droite à deux reprises mais l’éclat éclatant des murs blancs l’aveuglait toujours autant et lui prouvait le contraire.
Dans quoi je me suis fourré, moi ?
Dépité, il se leva et quitta le banc sur lequel il était assis depuis –ce qui lui semblait- une éternité. A défaut de trouver une présence humaine qui puisse lui venir en aide, il se dirigea vers un panneau d’affichage, à coté de l’accueil où il y avait bien évidemment personne.
On peut dire qu’ils ont le sens de l’hospitalité ici.
Blasé, il entama sa lecture murale.
« Des sessions spéciales de rattrapage sont prévus afin d’aider les élèves en difficulté qui le désirent pour préparer leurs examens qui se dérouleront en mars prochain. En ce qui concerne les cours de littérature, de mathématiques, de… »
Il soupira.
Le truc qui m’aide trop à me diriger dans cette université de malheur et à connaître les conditions de mon contrat quoi.

Alors qu’il continuait à s’insurger intérieurement devant le panneau d’affichage, un miracle se produisit : un élève, descendu de l’escalier principal, apparut dans le hall d’entrée. L’écho des pas empressés de celui-ci, dans ce lieu si silencieux, fit sortir immédiatement ses pensées mornes de son esprit et éveilla son attention sur cette apparition presque fictive.
Il y a quelqu’un…
Sa curiosité était piquée au vif. Il voulait se retourner afin de voir la personne à qui il avait affaire mais il se sentait observé. Comme si on essayait de le sonder.
Un sourire espiègle se dessina sur ses lèvres, alors qu’il écoutait la mélodie que produisait l’élève qui s’approchait de lui.
Etre sous les feux de la rampe était un aspect de sa profession après tout.
A son tour, à la dérobée, il le contempla. Aux premiers abords, il crut que c’était une jeune fille mais sa démarche était bien trop masculine, et il finit par conclure que c’était un garçon. Même s’il feignait de ne pas le voir, Keichiro avait capté son regard fuyant. Ses vêtements étaient certes tape-à-l’œil mais visiblement, cet élève ne voulait pas du tout être dérangé. Il dégageait une aura de « Laisse-moi tranquille, tu me soules ». Mais Keichiro n’en avait rien à battre. Il allait parler à cet énergumène, que ça lui plaise ou non. Car le plus important était de trouver un responsable.
-Hey !
Le jeune homme se retourna vers lui, interdit. Comme si l’interpeller avait été un crime.
Keichiro s’étonna de sa réaction et reprit plus courtoisement afin de ne pas l’énerver.
Il ne manquerait plus que ça…
-Je voulais dire : « Excuse-moi ». Ne fais pas attention à mes mauvaises habitudes.
Son interlocuteur resta muet.
Ne sachant quoi faire face à cet étrange comportement, il se contenta de sourire.
-C’est la première fois que je viens à Hakujoo et on peut dire que je suis complètement perdu. Est-ce que cela te dérangerait d’être mon guide l’espace d’une heure ? Je ne te retiendrai pas longtemps. Je n’aime pas embêter les gens, sauf en cas de force majeur comme celle-ci. Susurra-t-il, malicieux.

Contre toute attente -oui, ça sonne plus que faux-, Jun Jie se stoppa net. Il soupira intérieurement tout en fixant la porte de sortie. Non, il ne faut pas se retourner. Fuir, fuir, fuir ! Se répétait-il pour lui. Bien entendu, le jeune homme savait qu'il ne le ferait jamais -son éducation encore et toujours- et en venait à haïr profondément ses manières de jeune noble de ... de rien du tout !
Méfiant, il se tourna calmement vers son interlocuteur à la voix plutôt ferme et posée, mais en somme très agréable à l'écoute malgré le ton employé, sans pour au tant le regarder. De la peur ? Surement pas. Mais cet homme dégageait comme une sensation de dureté. De quoi mettre le bulot autiste mal à l'aise.
Outre passant son malaise, Jun Jie daigna enfin se préoccuper de son vis-à-vis, débutant par le parcourir de bas en haut, pour finalement constater que plus qu'un sale type de son âge, ce dernier était visiblement un adulte, un professeur, un parent ? Aucun idée. En tout cas il dégageait quelque chose qui glaçait sur place le jeune étudiant. D'une certaine manière, il était plus qu'agréable au regard, et attirait l'attention du tas de chiffon -ben oui, en comparaison aux étudiants ici, y a pas photos, il faisait très homme-.

- C’est la première fois que je viens à Hakujoo et on peut dire que je suis complètement perdu.

Ça s'annonçait bien ... Il allait encore jouer les guides. Et dieu savait ô combien ce n'était pas marrant. Sa bonté lui perdrait bien un jour ... En tout cas aujourd'hui il se sentait d'humeur plutôt joyeuse. Une bonne nuit en solitaire, quoi de mieux que pour démarrer une session de rattrapage en français ?
C'est avec hésitation et une once d'anxiété qu'il inclina la tête en signe de réponse -positive au passage-.

- Je ne sais pas si je puis vous être très utile, mais je ferai de mon mieux. Où devez vous vous rendre ? Fit-il, tout en affichant un léger sourire frais et sincère mais qui disparut assez vite. Son regard quant à lui ne quittait pas l'individu en face de lui. Une force attractive qui le fascinait de par sa classe, tout comme il l'effrayait.

Le jeune homme se remit en marche. Une démarche ralentie pour laisser l'occasion à son vis-à-vis d'attraper rapidement ses affaires et de le suivre. Enfin, il réalisa bien vite qu'il marchait sans même savoir où se rendre. Un vilain reflex ou bien cette envie indéniable d'aller fumer sa pauvre et tant désirée cigarette matinale ... ? Qui sait. En tout cas, il le sentait. Cette cigarette et son bonheur, il pouvait faire une croix dessus. Oh mon dieu ! Allait-il survivre à une si pénible épreuve ?

Invité

L’étudiant en face de lui le reluqua, les sourcils froncés, il était apparemment en proie à une réflexion intense. Comme s’il lui avait demandé de repousser les limites de l’impossible en l’accompagnant dans cette université fantomatique hostile.
Mais c’est quoi son problème ?
Il était sûr que s’il lui demandait ce qu’il faisait ici, son vis-à-vis tomberait dans les pommes, offusqué. Et il se gardait bien de le faire. Car il finirait certainement par errer éternellement dans ce maudit hall d’entrée. Bien entendu, chose qu’il ne désirait absolument pas même si une âme charitable lui offrait deux millions de yens en échange, c’était hors de question.
Soudain, à son grand étonnement, l’inconnu inclina la tête lentement en signe d’approbation et déclara avec un sourire imperceptible, qui s’évanouit d’ailleurs à la seconde même où Keichiro le remarqua :

-Je ne sais pas si je puis vous être très utile, mais je ferai de mon mieux. Où devez vous vous rendre ?

Mais c’est quoi ce gosse nom de Dieu ?!
Il en avait vu des dérangés dans sa carrière –certes courtes mais assez pour qu’il en voit- mais celui-là était unique en son genre. Insaisissable. Comme l’eau qui vous échappe sans cesse entre les doigts. Et s’il y avait bien une chose qui l’énervait, c’était de ne pas connaître le fond de la pensée de quelqu’un d’aussi… intriguant. Néanmoins, cela ne faisait qu’attiser son intérêt envers son guide si mystérieux.
Amusé, il pouffa de rire, sous le regard austère du jeune homme qui ne voyait pas du tout ce qu’il y avait de risible.
-Pour tout te dire, je l’ignore moi-même.
Son guide semblait imperturbable mais Keichiro avait bien remarqué que ce n’était pas le cas… Il sentait qu’il lui cassait les pieds –légèrement-.
-Cela dit, je pense qu’il serait judicieux de me conduire à un professeur responsable ou au directeur, il marqua une pause, fixant son interlocuteur, s’il est présent.
Cette tête…
Il maugréa quelque chose d’inaudible et tourna les talons, lui intimant l’ordre de le suivre.
Trop drôle.
Il s’empara de son attaché-case où il l’avait abandonné, ouvrit un bouton de sa chemise –car il trouvait celle-ci trop serrante- et suivit son guide salvateur. Mais qui ne se révéla pas aussi salvateur que ça, en réalité…

Il marchait à ses côtés, à son rythme, silencieux. Même s’il mourrait d’envie de parler, il ne le fit pas. Son compagnon de fortune avait tout l’air d’être le genre de personne qui n’aimait pas « discuter ». C’était inscrit sur son front, comme une pancarte : « Je suis antisocial. »
Mais la tentation était trop forte. Et la meilleure façon d’y résister était d’y céder.
Vu sa rebelle attitude et sa maladresse, il ne devrait pas être très fut fut. Voyons voir…
-Dis-moi, mon jeune guide. Lança-t-il, espiègle, en insistant langoureusement sur le surnom qu’il venait de lui donner.
Le jeune homme arrêta son pas et se retourna afin de lui tenir tête.
-Tu ne suivrais pas des cours de rattrape, par hasard ?
Comme d’habitude, il mit plusieurs secondes avant de répondre. Est-ce qu’il avait vu juste dans ses "analyses hypothétiques d’investigation du comportement de l’inconnu" ?

-Pour tout te dire, je l’ignore moi-même.

Ah bon ? Ça promettait d'être génial cette visite guide improvisée. Malgré le fait que Jun Jie était étudiant depuis bien deux ans -étant arrivé deux mois en retard la première année pour cause de maladie-, ça ne l'empêchait pas d'ignorer certains lieux à Hakujoo. Déjà pour commencer les lieux typiquement réservé au professeur et visiblement son vis-à-vis devait être l'un des leur. Qu'est-ce qu'il allait faire de lui ? Le balancer au premier étudiant rencontré qui se débrouillerait bien ou alors il allait avouer qu'il ne pouvait l'aider ? Non, quitte a se perdre et à chercher des heures, il n'allait pas laisser l'occasion à cet homme de le voir aussi ridicule qu'il pouvait l'être !

-Cela dit, je pense qu’il serait judicieux de me conduire à un professeur responsable ou au directeur, s'il est présent.

Premier vrai problème. Le directeur n'était que très rarement présent. D'ailleurs le jeune homme réalisa qu'il n'avait même jamais vu son visage. C'est à peine si Hakujoo était dirigé par quelqu'un. Vu le système, on se le demandait parfois. D'au tant plus que le lieu ou résidait son bureau était bien entendu ignorer de notre bulot sur patte. Ok, il allait devoir trouver un autre professeur dans ce trou à rats désertique. Ah ... si seulement il avait eut la moyenne en français, il n'en serait pas là à se triturer le cerveau afin de trouver une solution qu'il savait perdue d'avance.

Il reprit les rennes, avec un énorme sourire sur ses lèvres. Pour être fixé, il fallait d'abord savoir si le directeur était là. Comment mieux le savoir que de sortir à l'extérieur et chercher du regard sa voiture clinquante ? Finalement sa petite cigarette il allait pouvoir la palper, la sentir contre ses lèvres s'insinuer dans sa bouche et emplir ses poumons d'une douce fumée salvatrice.
Il poussa les grandes portes puis se tourna vers son interlocuteur, toujours un fin sourire sur le visage alors qu'il plongeait déjà sa main droite dans la poche de son jean, caressant d'un doigt son unique paquet.

- Le directeur est connu pour n'être qu'un fantôme. Peu l'on déjà vu ou aperçu. Je ne sais pas si il est là, donc je propose de regarder si sa voiture est là pour commencer, finit-il sachant que ce n'était pas une proposition mais une obligation, un prétexte même !

Il fit quelques pas supplémentaire et descendit le perron devant l'institut et en sortit enfin son paquet de cigarette de son pantalon. Le petit cylindre de bonheur se retrouva rapidement à ses lèvres alors qu'un Zipo bien synchronisé vint l'allumer aussitôt. Il tira une première grosse bouffée bien mérité puis scruta les environs. Visiblement la voiture du directeur n'était pas là. Un fait qui était loin d'être étonnant, mais qui ne soulagea pas vraiment Jun Jie.

- Sa voiture n'est pas là. Je vais vous amener auprès d'un autre professeur, je ne peux rien faire de mieux. Enfin si toute fois on en rencontre un. C'est plutôt désert en ce moment.

- Dis-moi, mon jeune guide. Tu ne suivrais pas des cours de rattrape, par hasard ?

Ah ... Il avait visé juste celui-là. D'ailleurs le jeune homme ne savait pas trop quoi lui répondre. Oui il était en session de rattrapage et alors ? Ça se voit non ? Faut être incroyablement con pour venir s'enfermer ici avant l'heure, franchement ... Ne sachant quoi répondre, il inclina simplement la tête en guise de réponse et tenta de changer de sujet.

- Ça ne vous dérange pas que je termine ma cigarette avant que l'on continu ?

Même si ça gênait son compagnon, peu import, il n'avait pas le choix que d'attendre, ou bien trouver quelqu'un d'autre. Mais en voilà une idée ! Pensa t-il tout bas, affichant un nouveau sourire pudique.

Invité

Il aurait dû s’en douter depuis le début. La ballade allait être agitée. Mais pourquoi avait-il complètement zappé ce pressentiment qui se faisait de plus en plus pressant au fur et à mesure qu’il suivait le jeune homme. Il le distrayait vraiment, le faisant carrément perdre ses objectifs de vue, à savoir : trouver une personne qualifiée qui lui expliquerait ce qu’il était censé faire dans ce bordel. Il fallait dire que pendant tout le long du trajet, son guide n’arrêtait pas de passer ses mains dans ses poches lascivement, comme s’il y avait dissimulé un billet de 10 000 yens. Et il avait bien envie de lui demander pourquoi il se tripotait comme ça mais il eut bien vite réponse à sa requête silencieuse.
Une cigarette…
Vu le plaisir qu’il en retirait quand il l’avait allumé. Son guide devait être en manque. Et pas qu’un peu. Keichiro l’observait. Il semblait serein, détendu. Un sourire illuminait son visage, ce qui le surprit un peu, vu qu’il pensait que le jeune homme était plus un pessimiste dans l’âme qu’autre chose. Le voir sourire comme ça.
Etrange.
Il en deviendrait presque accro. Cependant, le plaisir de Keichiro était tout autre. Et ce genre de futilité, ce n’était pas pour lui.

-Sa voiture n'est pas là. Je vais vous amener auprès d'un autre professeur, je ne peux rien faire de mieux. Enfin si toute fois on en rencontre un. C'est plutôt désert en ce moment.

La voix claire et innocente du jeune homme le rappela à l’ordre. Ces temps-ci, Keichiro avait beaucoup trop d’absence. Il avait vraiment besoin de repos mais dormir pour lui était une sorte de punition… Et ses médicaments ne l’aidaient pas à effacer cette sensation.
Il soupira.
-En ce moment ? Tu veux dire en permanence. M’enfin, il ne reste plus qu’à espérer maintenant. Je te suis.

-Ça ne vous dérange pas que je termine ma cigarette avant que l'on continue ?

Keichiro sourit, nostalgique.
Une fumée grisée incandescente… Qu’est-ce qu’il avait aimé respirer cette odeur de souffrance. De dépendance. De désespoir. Une odeur qui s’imprégnait dans la chair, la marquant presque au fer rouge. Oui, il avait adoré cette odeur, cette douleur qu’elle procurait car elle faisait oublier toutes les peines, comme toutes les joies. Rien ne pouvait empêcher cette fumée de se propager. Elle passait à travers les trous, les vêtements, la pluie, l’air, le cœur.
Mais tout cela avait été avant, quand sa sœur était à ses côtés, le bon vieux temps.
Désormais, ça n’était plus le cas. Cette douceur sucrée olfactive faisait partie de son passé qu’il avait renié.
Kaname…
Maintenant, il la détestait.
-Ça ne me dérange pas. Mais un conseil, arrête de fumer. Ça fait pitié.

Le sourire que les lèvres de Jun Jie affichait ne voulait disparaître. Il se sentait bien. Si bien qu'il aurait pu oublier la compagnie de Keichiro -enfin presque-.
Il s'assit sur les marches du perron de profil, de sorte à pouvoir regarder son interlocuteur tout en pouvait le fuir du regard au besoin. Le fuir plutôt qu'autre chose d'ailleurs. Son regard le transperçait de toute part, comme si pour passer son temps, il n'avait guerre d'autre occupation que de tenter de sonder l'esprit des gens. D'ailleurs le jeune homme était presque quasi certain qu'il avait plus l'air d'un accro ahuri en manque, qu'une personne posée. Mais il n'en avait que faire de cet étranger. Il se connaissait lui même, savait qu'il n'était pas se qu'il paraissait. De plus, comment pouvait-il savoir l'horreur enfermé entre ses murs ? A moins d'y avoir déjà fais face.
Une petite cigarette ce n'était rien, mais c'était juste suffisant pour assurer sa survie dans cette jungle.

-Ça ne me dérange pas. Mais un conseil, arrête de fumer. Ça fait pitié.

La remarque fit pouffer intérieurement Jun Jie qui ne préféra pas s'attarder sur la réflexion. Cela dit, le ton était plutôt neutre, se qui ne plaisait pas spécialement au blondinet décoloré qui s'étira comme pour faire passer un message. Un message du style "je m'en fous de se que tu penses de moi, tu peux aller te faire foutre ducon". Cela dit, Jiji n'en pensait rien, ou du moins, pas de manière si vulgaire. Mais il était vrai qu'il n'en avait que faire que l'autre type pense qu'il fumait pour se donner un style ou autre. Chacun ses anti-stresse et Jun Jie se dopait assez de médicaments comme ça. Pas la peine de se foutre en l'air d'avantages.
Le jeune homme tira une dernière bouffée avant de jeter cette dernière au sol et l'écrasa de son pied droit. Il resterait bien là, dehors à jouer les autiste jusqu'à ce que l'homme en face de lui s'en aille mais non. Il se releva en s'aidant de la rambarde derrière lui puis entama le chemin jusqu'à la porte, faisant signe au professeur derrière lui de le suivre.

- Vous êtes professeur ici ? Qu'enseignez vous ? Lança t-il à la volée, histoire de paraitre moins asocial qu'il ne devait paraître au yeux de son vis-à-vis, tout en se dirigeant vers un couloir. Enfin, tout du moins il l'aurait voulu. Cependant il se prit les pieds dans le tapis et perdit l'équilibre.

Ah ben oui ... Manquait plus que ça, n'est-ce pas ?

Invité

Comme il s’y attendait, le jeune homme n’en avait rien à battre de ses conseils. C’était limite s’ils avaient atteint son oreille interne et que son cerveau avait enregistré l’information, à savoir : fumer = mourir à petit feu.
Quoiqu’il en soit, Keichiro était mal placé pour le condamner ou pour porter un quelconque jugement sur l’étudiant, lui qui s’était adonné à ce plaisir, quotidiennement.
En tout cas, je ne risque pas de m’apitoyer sur son sort. Il est libre de se tuer comme il veut, après tout.
Amusé, il le regarda continuer à tirer sur sa clope, comme si sa vie en dépendait car il n’aurait certainement plus l’occasion le lendemain, se disait-il en lui-même, pensif. Tandis qu’il attendait patiemment à l’écart que le jeune homme ait terminé sa précieuse cigarette, symbole d’enchantement, il ne put s’empêcher de penser à Kaname, encore une fois. Mais il la chassa très vite de son esprit. Ce n’était absolument pas le moment de penser à elle, maintenant. Décidemment, ce lieu provoquait de bien étranges sensations, voire réminiscences. Keichiro ne trouva rien d’autre à faire que de fixer sa montre argentée, qui luisait à son poignée.
11h25…
Lentement, l’impatience commençait à l’envahir alors, qu’en fait, son guide n’avait même pas pris deux minutes de « pause ». Mais son supplice prit vite fin. Visiblement apaisé, le jeune homme se redressa et lui emboita le pas, lui faisant signe de le suivre à nouveau. Keichiro ne se fit pas prier.

- Vous êtes professeur ici ? Qu'enseigner vous ?

Il fronça les sourcils, intrigué. L’étudiant venait de lui adresser la parole, de lancer un semblant de « conversation ». Il n’en revenait pas.
Sûrement un des effets positifs de la cigarette…
C’était la seule explication possible.
-Depuis aujourd’hui. Théoriquement, je suis censé enseigner l’anglais. Mais vu l’administration de l’établissement, qui sait ?
Il attendit une réponse de son vis-vis qui semblait, il ne savait pourquoi, déboussolé, mais avant que celui-ci le lui donne, il se prit misérablement les pieds dans le tapis pourpre et vacilla.
Instinctivement, Keichiro attrapa son bras et, le serrant fort, le jeune homme se redressa, reprenant contenance, comme si de rien n’était, comme si son aide avait été inutile et qu’il aurait très bien pu se démerder tout seul.
Merde.
Il se sentait stupide maintenant, pourquoi il n’avait pas bougé ? Il allait à l’encontre de ses principes.
Ça aurait pu être drôle s’il était tombé. Maudit réflexe.
Il le toisa du regard.
-Un problème ? Lâcha-t-il, à moitié hilare.

Vacillant en avant, le jeune homme sentit une poigne ferme lui serrer le bras, le poignet droit pour être plus précis. Une prise assez forte pour le tirer en arrière alors qu'il était peut-être prêt à se fracasser le nez au sol. Peut-être oui. Comme si Jun Jie se serait laisser tomber comme un nigaud maladroit. C'était une image que personne ne devait connaitre de lui, encore si toute fois il se considérait comme maladroit, voir idiot. Impensable !
Il reprit donc sa stabilité -grâce à Keichiro- et d'un air gêné détourna précipitamment le regard vers le sol. C'était clair, le tas de chiffon autiste était honteux de cette faille qu'il avait laisser entrevoir à son interlocuteur et très certainement son professeur principal de l'année à venir. C'était révoltant, humiliant et totalement déshonorant. Le plus rageant était plutôt que Jun Jie se prêtait trop au jeu, oubliant presque que l'erreur était humaine. Après tout, qu'est-ce qu'il en avait à faire de se que l'autre pouvait bien penser de lui ? Ce n'était qu'un professeur au regard et à la manière de parler fondamentalement désagréable, rien de plus. Malgré ça, le jeune étudiant se sentait mal à l'aise. Comme si dans son dos, l'individu se moquait de lui. C'était tout simplement désagréable.

-Un problème ?

La remarque remua quelque peu le couteau dans la plaie. Ce type se prenait pour qui ? Un Dieu ? Cette manière de répondre systématiquement de façon contrariante, et le ton qu'il utilisait pour marquer chaque intonation, c'était insultant. Il n'y avait cela dit pas de quoi se mettre en colère pour si peu. De toute façon, c'était très certainement l'attitude qu'attendait le professeur derrière lui.

- Aucun, fit-il très sûr de lui, lançant un regard impassible à Keichiro, nous devrions reprendre la "route". J'ai un cours comme vous devez vous en doutez, je n'ai donc pas tout mon temps.

A nouveau, Jun Jie reprit le chemin, s'engageant dans un couloir très bien éclairé, mais qui semblait visiblement plus que désert. Un peu comme le reste de l'établissement en cette période de l'année proprement dédié aux vacances scolaires à vrai dire. Hâtivement, il lança un regard à sa montre qui affichait 11 heures 28. Ça commençait bien, il était déjà en retard à son premier cours. Il avait une excuse cela dit, bien qu'inventer de faux prétextes n'était pas commun chez lui, mais il aviserait. C'était pas pour un cours, surtout que notre jeune tas de chiffon se sentait confiant. Il n'allait pas rater cette session. Il était presque impatient de voir ce professeur enseigner pour se venger de la honte subie. Bien que malgré lui, il préférait un autre enseignant, mais bon. Il était en proie à une incompréhension totale qui l'échappait tant elle se contredisait plus les secondes passaient. Enfin soit, oublions !

- Merci, lançât-il d'un ton impeccable puis tourna sa tête de quelque degré pour sourire à Keichiro. Sans doute que ce dernier comprendrait l'effort pour ne rien laisser paraitre à ce douloureux épisode précédent, mais il s'en fichait. Il était de nature sereine et ce n'était certainement pas un inconnu qui allait le troubler plus qu'il ne l'était dernièrement.

[> Au delà du silence]

[HS : Je t'invite à répondre directement dans le topic de la bibliothéque. Je te laisse me guider au travers de ton rp, que je le fasse ou toi ça ne change rien. Du moment qu'on arrive x).]